Résumé :
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L'humour, les mots d'esprit, le sarcasme, l'ironie, le persiflage... sont, en tant que modes (ou contenu) de communication et de relations, inhérents à toute vie sociale. Ils intéressent d'abord la critique littéraire, la linguistique, la sémiologie, la philosophie, mais constituent aussi un objet d'étude pour les sciences humaines et sociales, la psychanalyse, la psychosociologie ou l'anthropologie culturelle. D'où la substance de ce dossier. Une première façon de définir l'humour consiste à l'opposer au sarcasme, au ricanement, au persiflage, 'une passion française' (M. Séry) qui trahit la tendance au culte de soi et à la haine de l'autre (A. Demailly). Il s'en distingue, en cela qu'il comporte un zeste de tendresse qui en fait, selon V. Jankélévitch, 'un rameau fleuri de l'amour', autrement dit une forme de l'estime d'autrui. P. Desproges n'appelait-il pas l'humour à l'aide 'contre la haine ordinaire' ? On peut aussi l'aborder sous un autre angle, par exemple comme une figure ludique de l'impertinence, visant l'esprit de sérieux, la suffisance et, plus largement, les valeurs petites-bourgeoises et le conformisme langagier (J. Maisonneuve). Cependant, l'humour n'est pas toujours essentiellement comique. Il peut comporter une dimension pathétique, ou tragique, ou encore une quête de réconciliation avec l'infini (S. Kierkegaard). L'analyse proposée ici par A. Juranville invite également à considérer l'humour comme la 'condition préalable' de la philosophie. [résumé d'auteur]
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