Résumé :
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Cet article examine comment l'auteur, qui est psychiatre psychothérapeute, rédige des certificats et des comptes-rendus médicaux dans la procédure de la demande d'asile et pour la demande de statut d'étrangers malades à des patients victimes de la torture et de la violence d'État. Le contexte de rédaction est examiné: il est composé de différentes forces en action, de la politique xénophobe de l'État français, à la présence de groupes, professionnels ou non, qui aident les requérants. Ainsi, la position du rédacteur du certificat n'est elle pas autonome, elle est prise dans une 'tactique' qui aura pour effet de le positionner dans cet entrelacs de forces. La clinique du traumatisme est aussi un facteur déterminant à l'écriture d'un certificat médical. En effet, la séméiologie, la relation soignant-soigné, le contexte du traumatisme, la façon de l'exprimer, le contre-transfert de celui qui écoute sont autant de composantes qui l'influencent. La demande de statut d'étrangers malades pour les personnes victimes de la torture et de la violence d'État, évolue également dans un contexte très restrictif, où les patients souffrent du déni de leur parole, et où les médecins sont suspects de vouloir aller contre le projet étatique. En conclusion, l'auteur pose la question de la place de la victime de la torture qui est insuffisamment protégée dans notre pays: leur écoute s'inscrit dans un monde globalisé, où l'exigence de la reconnaissance des existences en souffrance et de l'esprit de justice se heurtent à la menace de la banalisation du mal. [résumé d'auteur]
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