Résumé :
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La présente étude a pour objet de comparer des groupes de personnes ayant commis ou ayant tenté de commettre un homicide, en fonction des diagnostics qui leur sont assignés dans le contexte de la Défense sociale, système belge de prise en charge des criminels reconnus comme atteints d'un trouble mental. À partir d'un échantillon de 99 criminels, répartis en 5 groupes diagnostiques (type schizophrène, schizophrène avec trouble de la personnalité du cluster B, trouble de la personnalité du cluster B sans psychose, groupe hétéroclite, groupe avec trouble délirant) ayant commis 111 faits qui ont touché 132 victimes, nous avons étudié diverses variables : l'âge au moment du premier homicide, la comorbidité avec les problèmes de substances au cours de la vie (en particulier l'alcool), le caractère instrumental ou émotionnel de l'acte violent, et le statut des victimes. Nous avons constaté que chaque groupe se distingue des autres par les caractéristiques suivantes : groupe schizophrène : âge de délit aux environs de la trentaine, faible comorbidité avec les problèmes de substances, caractère plutôt émotionnel de l'acte, les victimes sont préférentiellement connues ou accidentelles ; groupe mixte : âge de délit aux environs de la trentaine, forte comorbidité avec les problèmes de substances, caractère plutôt instrumental de l'acte, victime inconnue dans une plus grande proportion de cas que dans les groupes 1 et 5 ; groupe des troubles de la personnalité du cluster B : âge de délit aux environs de la trentaine, forte comorbidité avec les problèmes de substances, caractère émotionnel ou instrumental de l'acte, agresse plus souvent une victime inconnue que les psychotiques (groupes 1 et 5) ; groupe ' hétéroclite ' : âge de délit aux environs de la trentaine, forte comorbidité avec les problèmes de substances, caractère émotionnel ou instrumental de l'acte, victime plus fréquemment inconnue que pour les psychotiques (groupes 1 et 5) ; groupe trouble délirant : âge au moment du délit significativement plus élevé que les autres groupes, faible comorbidité avec les problèmes de substances, caractère exclusivement émotionnel de l'acte, les victimes sont préférentiellement soit connues, soit accidentelles. Cette première étude de délinquants internés homicidaires nous encourage à poursuivre dans la compréhension et l'élaboration d'une typologie des meurtres par des personnes malades mentales.[résumé d'auteur]
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