Résumé :
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La publication du DSM-III en 1980 constitue un incontestable tournant dans le discours de la psychiatrie. Pour ses concepteurs il serait parvenu à faire rentrer la psychiatrie dans la science. Tenter d'éliminer la subjectivité, celle du patient, comme celle du clinicien, en serait le prix à payer. Grâce à quoi il serait enfin possible d'user d'une langue commune permettant d'obtenir une grande fidélité diagnostique inter-cotateurs. Le succès des DSM-III et IV repose sur leurs affinités avec des idéaux scientistes et avec leur appropriation à une clinique du médicament. En privilégiant des symptômes cibles privés de tout dynamisme, ils les mettent implicitement en rapport avec des dysfonctionnements du corps. Vingt ans après l'introduction de cette approche présentée comme athéorique, sa principale justification, la fidélité diagnostique, s'avère non fondée ; tandis que les problèmes de validité diagnostique restent éludés. Les DSM sont entrés dans une logique d'infinitisation des troubles mentaux dont la poursuite conduirait à remettre la psychiatrie aux ordinateurs. Ils produisent un appauvrissement des entretiens cliniques ; ils négligent l'éventuelle réticence du patient ; ils génèrent des idéaux normatifs implicites. Même parmi leurs promoteurs, certains commencent à s'apercevoir qu'ils constituent un handicap pour les progrès de la recherche en psychiatrie.[résumé d'auteur]
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