Résumé :
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L'auteur reprend dans ce texte les principes de la psychothérapie institutionnelle, dégage les concepts cliniques, mais aussi philosophiques et éthiques qui la fondent, pour montrer qu'une logique strictement gestionnaire et managériale (comme celle qui se met actuellement en place en France) des institutions psychiatriques ne peut qu'aboutir à la perte de ce qui fait l'essentiel du processus soignant. L'auteur explore trois grands thèmes, qui sont successivement le concept de réaction, celui de pathoplastie, et enfin l'aliénation. Le concept de réaction permettra de comprendre comme ' l'ambiance ' d'une institution peut retentir sur l'état clinique des personnes qui y sont soignées, jusqu'à engendrer un processus psychopathologique ' émancipé ' et autonome d'allure endogène, qui perd tout lien avec sa cause initiale. Cela débouche sur le concept de ' pathoplastie ' qui se définit comme la fabrication de certains aspects de la pathologie par l'institution elle-même, d'où résultent deux idées forces de la psychothérapie institutionnelle: a) l'institution doit s'autoanalyser en permanence afin de soigner ses propres fonctionnements pathologiques; b) une institution qui ne se livre pas à ce type de travail peut devenir iatrogène. Le concept d'aliénation est abordé dans une perspective marxiste, à la lumière des aspects historiques et philosophiques de cette pensée. L'auteur utilise alors la distinction proposée par Bataille entre ' économie restreinte ' et ' économie générale ', la première correspondant à l'économie capitaliste susceptible d'une évaluation comptable, la seconde recouvrant la ' négativité ' conçue par Hegel comme fondatrice d'un travail ' vivant ' au sein du social sans évaluation comptable possible: un exemple en serait le désir, indissociable du soin psychiatrique.[résumé d'auteur]
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