Résumé :
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La question des relations entre autisme et schizophrénie a fait l'objet de nombreux débats et ce depuis l'apparition même du terme autisme dans la nosographie, ainsi que de nombreuses études aux résultats contradictoires. Cette question reste d'actualité et suscite à ce jour un regain d'intérêt, tant de la part des cliniciens que des chercheurs. Nous analyserons dans cet article les cas cliniques de deux frères : l'un présentait un autisme dans la petite enfance (selon les critères diagnostiques des classifications américaines et de l'OMS, et autisme de Kanner selon la classification française), avec des troubles sévères de la communication sociale et du développement psychomoteur (énurésie diurne et nocturne avec encoprésie persistant jusqu'à 14ans, troubles de l'équilibre et troubles importants de la coordination motrice fine et globale), qui a évolué vers une schizophrénie à début très précoce (forme mixte) à l'âge de 11ans alors qu'il n'avait pas encore débuté sa puberté ; son frère présentait, lui, des troubles du développement psychomoteur dans la petite enfance (énurésie nocturne persistant jusqu'à sept ans, stéréotypies motrices disparaissant vers cinq ans, troubles importants de la coordination motrice fine toujours présents à l'âge adulte avec ultérieurement détérioration progressive de la coordination motrice globale), et est devenu schizophrène (forme déficitaire) à l'âge de 17ans (schizophrénie, dont le début est marqué par une dysmorphophobie associée à des conduites auto-agressives et à un retrait dans la domaine de la communication sociale). À la lumière de ces deux cas cliniques, les relations entre autismes et schizophrénies seront discutées et revisitées. Nous développerons notamment ici l'hypothèse que les troubles du développement de l'image du corps, présents dès la petite enfance, pourraient constituer une dimension commune à la schizophrénie et l'autisme, et relever d'un possible problème dans l'élaboration de la conscience du soi corporel, entraînant des troubles de la différenciation soi/non soi, et par conséquent des troubles du développement de la communication sociale s'exprimant très tôt dans certains cas (lorsque le développement psychomoteur est très altéré) et au moment de la puberté dans d'autres cas (lorsque les troubles du développement psychomoteur sont moins sévères). Les modifications physiques pubertaires, survenant sur un terrain déjà fragile, viendraient majorer les problèmes préexistants dans la construction de l'image du corps et le développement de la conscience du soi corporel, et alors constituer un facteur de décompensation participant au déclenchement de la schizophrénie.[résumé d'auteur]
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